La gestion des déchets, une problématique récurrente dans la réserve naturelle

Depuis que la Maison de l'Estuaire assure la gestion de la réserve, elle organise chaque année plusieurs opérations de ramassage manuel des déchets déposés par les marées et retire aussi les dépôts illicites du milieu naturel.
La gestion des déchets, une problématique récurrente dans la réserve naturelle

Limiter l'impact des déchets sur le milieu naturel

En récoltant les déchets abandonnés çà et là dans la réserve et ceux qui s'échouent et s’accumulent sur les berges de la Seine, l'objectif est d'améliorer globalement la qualité du milieu naturel :

  • en améliorant la qualité de la laisse de mer, exploitée par de nombreuses espèces qui s’y alimentent ou s’y réfugient,
  • en réduisant les risques de pollution de l'eau et des sédiments, causée notamment par la fragmentation des déchets plastiques,
  • en réduisant les risques d’atteinte à la faune,
  • en ralentissant dans certains secteurs l'atterrissement des terrains,
  • en améliorant la qualité des paysages et l'image de la réserve vis-à-vis du grand public.

Depuis que la Maison de l'Estuaire assure la gestion de la réserve, elle organise chaque année plusieurs opérations de ramassage manuel des déchets sur des zones relativement inaccessibles où ils s'accumulent (dune, abords de remblais du Pont de Normandie, berges de Seine au niveau de l’ancien bac du Hode ou de la pointe de Tancarville, berges sud de la Seine), le long des sentiers de découverte et aussi parfois à des endroits où déchets et gravats sont déposés illégalement.

En parallèle de cette action, les chasseurs assurent aussi un nettoyage de leur secteur de chasse au sein de la réserve naturelle. Le GIACE ou l’ACDPM Baie de Seine Pays de Caux organisent par exemple chaque année l’opération Rivages propres, qui mobilise plusieurs centaines de personnes. Ces actions permettent ainsi de ramasser une importante quantité de déchets sur de vastes zones et de couvrir une grande partie de la réserve naturelle.

Les dépôts sauvages toujours d’actualité !

Du côté des dépôts sauvages, le marais de Cressenval, facilement accessible par la route des falaises et l’autoroute A131, est régulièrement le théâtre de ce phénomène. En janvier 2023, ce ne sont pas moins de 20 tonnes de déchets, qui ont été déposées illégalement dans un espace naturel protégé, sur les communes de Saint Vigor d’Ymonville et de La Cerlangue.

Ces deux dépôts, constitués d’une part de gravats issus d’un bâtiment (3,5 tonnes) et d’autre part de résidus d’enrobé routier (16 tonnes), ont été ramassés et orientés vers les filières appropriées par la Maison de l'Estuaire. L’analyse de ces déchets (étape nécessaire à l’évaluation de leur toxicité), cumulée au chargement, au transport et au traitement ont représenté un coût de 3400 € TTC, pris sur le budget de fonctionnement de la réserve naturelle.

Ce genre de comportement est évidemment réprimé par la loi, particulièrement dans une réserve naturelle et les agents assermentés de la Maison de l'Estuaire sont habilités à engager des poursuites dans ces circonstances.

 

Tout comme les déchets échoués

Du côté des déchets échoués en provenance de la Seine, plusieurs opérations de collecte manuelle ont été réalisées à divers endroits de la réserve naturelle, durant l’automne 2022 et l’hiver 2023, avec la contribution de plusieurs associations d’aide à l’insertion sociale et professionnelle : Être et Boulot, Aquacaux et Unis-Cité Le Havre.

Un chantier a par exemple été réalisé avec l’association Être et Boulot en octobre 2022, au pied de la façade ouest du remblai du Pont de Normandie, avec le concours logistique de la Chambre de Commerce et d’Industrie Seine Estuaire. 6 m3 de déchets ont été collectés et exportés à cette occasion.

Quatre zones d’accumulation ont aussi été traitées dans la réserve de chasse du Banc Herbeux, située en amont du Pont de Normandie, où un total de 29 m3 a été collecté. Cette zone étant difficilement accessible (éloignement par rapport à la route de l’estuaire, terrain vaseux), l’exportation des déchets y est plus compliquée. La majeure partie des volumes seront extraits lors des chantiers d’entretien de la roselière, en août prochain, lorsque le terrain sera plus portant.

Enfin, la dune a fait l’objet d’un nettoyage en septembre, où 6 m3 de déchets ont été collectés et exportés.

Ceci représente un volume total de 47 m3 de déchets échoués en bord de Seine et retirés du milieu naturel. Précisons que dans ce cas de figure, le traitement de ces déchets revient aussi à la charge de l’association gestionnaire de la réserve naturelle. C’est autant de budget qui n’est pas consacré à la préservation des milieux et des espèces.

Et malgré l’intervention des services publics compétents (intercommunalités, communes, HAROPA…) et la multiplication des opérations citoyennes de nettoyage des rivages de la Seine et de l’estuaire, qui mobilisent aussi bien les associations de chasse telles que l’ACDPM ou le GIACE (avec l’opération Rivages Propres qui s’est tenue le 11 mars dernier), que l’antenne havraise de Surfrider Foundation Europe ou l’association honfleuraise Côte de Grâce Propre, les sacs poubelles ne désemplissent pas de manière significative.

Les remèdes ?

Il devient urgent de réduire drastiquement le recours aux emballages et aux objets en plastique, sur terre comme en mer, de mieux respecter les règles de tri des déchets de nos foyers et de nos entreprises, de renforcer les opérations de nettoyage des zones d’accumulation des déchets tout au long de la Seine et de mieux coordonner l’ensemble des initiatives de nettoyage pour améliorer leur cohérence et leur efficacité. Un vaste chantier !

 

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