Le voile se lève sur les lichens de la réserve naturelle

Une première prestation d’inventaire des lichens présents dans la réserve naturelle a été confiée au Conservatoire Botanique National de Bailleul, afin de lever le voile sur ces formes de vie si particulières.
Le voile se lève sur les lichens de la réserve naturelle

La flore lichénique de notre planète, représente une grande biodiversité avec près de 20 000 espèces. Au-delà de la diversité des formes et des couleurs des lichens, leur capacité à vivre dans des conditions extrêmes suscite l’intérêt des scientifiques. Les lichens contribuent par ailleurs à la biodiversité de la Réserve naturelle de l’estuaire de la Seine et peuvent représenter des indicateurs de la qualité de l’air pertinents. C’est pourquoi une première prestation d’inventaire a été confiée au Conservatoire Botanique National de Bailleul, afin de lever le voile sur ces formes de vie si particulières.

Les lichens, une forme de vie particulière

Lorsque deux organismes vivants différents s’associent de manière durable et réciproquement profitable, il s’agit d’une symbiose. Les lichens en sont un exemple typique, puisqu’ils résultent du ‘mariage’ entre un champignon et une algue. Le champignon protège l’algue du dessèchement en l’enveloppant, tandis que l’algue lui fournit de l’énergie grâce à sa précieuse chlorophylle. C’est uniquement en présence de l’algue, que le champignon fabrique des substances lichéniques qui facilitent la fixation du lichen sur le support et aide à sa protection.

Contrairement aux plantes supérieures, les lichens ne possèdent ni racine, ni tige, ni feuille. Leur appareil végétatif, appelé thalle, présente une grande diversité de formes et d’aspects plus ou moins complexes et est fixé de manière très différente sur les substrats les plus variés.

Coupe transversale d'un thalle de lichen

Certains thalles ont la forme de feuille ou d’écaille (dits ‘foliacés’), d’autres sont plus ou moins ramifiés (dits ‘fruticuleux’) et d’autres encore sont en forme de croûte et adhèrent fortement au substrat (dits ‘crustacés’).

Différentes formes de lichens ©Maison de l'Estuaire

Les lichens poussent dans tous les milieux, à l'exception de la haute mer, des tissus des animaux vivants et des zones très polluées. Leurs spores (semences), dispersées en grande quantité dans l’air, leur permettent de ‘voyager’ et d’avoir l’opportunité de coloniser de nouveaux espaces. Ce sont aussi des pionniers, puisqu’ils peuvent s’installer sur des substrats très pauvres en éléments nutritifs, comme de la roche nue, et de supporter des conditions de température et de lumière extrêmes. Et même desséchés, ils sont capables de reprendre vie en étant réhydratés !

Leur croissance est très lente et certains lichens peuvent vivre plusieurs siècles. Ils sont d’ailleurs une forme de vie très ancienne. Les premiers lichens avérés, retrouvés sous forme fossile, datent du Dévonien (une période de l’ère primaire), soit d’environ −419 à −359 millions d’années.

Les lichens de la réserve naturelle

Pour ce premier inventaire effectué dans la réserve à la demande du gestionnaire, le Conservatoire Botanique National de Bailleul a prospecté des milieux sableux, sur le sol desquels certains lichens se développent, comme Cladonia rangiformis (voir photo ci-dessous), mais aussi des secteurs boisés composés d’aulne glutineux, de saules et de bouleaux. Les lichens s’installent alors à la surface de l’écorce. Les observations réalisées sur le terrain par Eric Bastien, botaniste, lui ont déjà permis de distinguer une quinzaine d’espèces de lichens différentes. Une des espèces très commune observée fut par exemple Xanthoria parietina, un lichen foliacé dont la couleur varie du vert au jaune orangé selon l’exposition au soleil (voir photo ci-dessous). Mais leur détermination est loin d’être aisée et nécessite la plupart du temps l’utilisation d’un microscope et/ou de procédés chimiques. Il faudra donc attendre les résultats de ce travail en laboratoire pour disposer de la version définitive de ce premier inventaire.

Pour en savoir plus vous pouvez consulter l’intégralité de cet article numérique de l’encyclopédie de l’environnement

Scientifique